Après Alain Resnais en 2014, un autre cinéaste breton, René Vautier, a disparu. Il est décédé ce matin du 4 janvier à l’âge de 86 ans à l’hôpital de Quimper.
La date et le lieu de ses obsèques ne sont pas encore connus.
Natif de Camaret, il fut résistant dès l’adolescence en 1943 (croix de guerre). Il était attaché à Quimper, y ayant vécu, adolescent, avec sa mère, institutrice à l’école de Pennanguer. En 1946, il est étudiant à l’Institut des Hautes études cinématographiques (IDHEC).
Surnommé le « franc-tireur de l’anti-colonialisme », il fut le cinéaste le plus censuré du cinéma français, le plus inculpé (13 fois, avec condamnation à un an de prison, puis un exil jusqu’en 1966), notamment pour ses films « Afrique 50″, « Une nation, l’Algérie », « Octobre à Paris » et « Avoir 20 ans dans les Aurès » qui est sans doute le plus connu du public français. Celui sur la mort d’Édouard Mazé,un ouvrier mort en avril 1950, à Brest lors d’affrontements avec la police, a malheureusement été accidentellement détruit. « Un homme est mort » a donné son titre à une bande dessinée de Kris et Davodeau en 2006.
Comme directeur du Centre national cinématographique d’Alger (1962-1965), il a formé une génération de cinéastes , avant de retourner au pays.
Côté breton, il sut également s’engager en exprimant sa solidarité avec les défenseurs de la Bretagne. En 1970, il a fondé, avec Félix et Nicole Le Garrec, l’UPCB (Unité de Production Cinématographique de Bretagne) qui produisit ses longs-métrages dont « Avoir 20 ans dans les Aurès » précité et « La Folle de Toujane » dans lequel jouait le chanteur breton Gilles Servat. L’UPCB a produit aussi des documentaires sur différentes luttes sociales avant de cesser d’exister en 1981 pour raisons financières. Il témoigna en 2004 en faveur des membres de l’ARB lors de leur procès, occasion d’exprimer sa prise de conscience des problèmes bretons.
Il réussit néanmoins à poursuivre son activité cinématographique engagée sur différents thèmes (essais nucléaires, immigration, Résistance, Algérie). Son dernier documentaire, co-réalisé avec Moïra Chappedelaine, est consacré à la Bretagne sous le titre « Histoires d’images, Images d’Histoire ».
Il fut lauréat du Collier de l’Hermine de l’Institut culturel de Bretagne en l’an 2000 à Pontivy.
Que l’on partage ou non toutes ses opinions, on ne peut que saluer son courage, son abnégation et la valeur de ses témoignages.
L’Institut culturel de Bretagne présente ses condoléances à son épouse Soazig Chappedelaine et à sa fille, Moïra.