Yves-Pascal Castel, prêtre du diocèse de Quimper et de Léon, a manifesté très tôt son intérêt pour le patrimoine, de manière pourrait-on dire viscérale. Né, en 1928, à l’ombre du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon, la contemplation prolongée de la flèche « irréprochable et qui ne peut faillir » dressée à deux pas de sa mansarde, n’est pas étrangère à sa vocation de quêteur de patrimoine. La formule « Vous savez écrire, vous pouvez dessiner » le pousse à crayonner. Il ouvre ainsi son carnet aussi bien devant le saint Matthieu de sa cathédrale, que devant la chapelle Saint Charles Borromée à Kérigou Trégondern. Il griffonne ici et là des plans de chapelles mesurés au pas pour situer baies et piliers, vitraux et statues…
Apprentissage sauvage d’où naîtront des engagements particuliers. L’ouvrage de Pierre-Marie Auzas, « L’orfèvrerie religieuse bretonne » (1955) provoque un déclic concrétisé par une belle vitrine d’argenterie ancienne dans le cadre de l’exposition d’art religieux organisée la même année à Pont-Aven, par le recteur Pierre Tuarze. Suivront sa participation aux minutieuses enquêtes suscitées par l’Inventaire général des Monuments et des richesses artistiques de la France, cette « aventure de l’esprit » voulue par André Malraux en 1964. En marge du travail de « généraliste » et encouragé par André Mussat, l’abbé soutiendra à Rennes en 1974 une thèse de doctorat intitulée « Les orfèvres de Brest et de Landerneau, 1600-1850 » (641 pages 117 illustrations).
Autre axe de recherche pour Y.-P. Castel, les croix et calvaires du Finistère, ces monuments sans lesquels la Bretagne ne serait pas ce qu’elle est. Un embryon d’enquête avait vu le jour lorsque Jos Le Doaré lui demanda, en 1957, une brochure sur l’enclos de Saint-Thégonnec. Pour comprendre le calvaire, le chercheur estima alors utile de battre la campagne environnante afin d’élargir la connaissance des « imagiers » bretons, selon le terme porté par nos anciens sculpteurs. Puis, bien plus tard, en 1980, dans le cadre de l’Année du Patrimoine 1980, la Société archéologique du Finistère publiera l’Atlas des Croix et calvaires du Finistère, à partir des trois mille fiches de terrain, collectées avec l’aide du regretté Louis-Pierre Le Maître.
Par ailleurs, on ne compte pas sur le patrimoine les études ponctuelles du quêteur infatigable. Dispersées elles sont accueillies ici ou là : Courrier du Léon-Progrès de Cornouaille, Bulletin de la Société archéologique du Finistère, ArMen, Semaine religieuse du diocèse de Quimper, Chronique de Landévennec, Mélanges offerts à Charpy, Jean Tanguy, Denise Delouche… N’oublions pas les émissions hebdomadaires radiophoniques intitulées « Regards sur… » qui, à la demande d’Yvon Gargam, s’égrènent depuis 1993 sur RCF Rivages (Radios Chrétiennes Francophones).
Terminons par ce « Patrimoine sacré en Bretagne », édité par Coop Breizh, qui somptueusement illustré par Andrew-Paul Sandford condense, en 2006, le fruit d’une fructueuse quête qui n’est d’ailleurs pas terminée grâce à la collaboration d’un autre photographe, Joël Lubin, qui survole le patrimoine breton avec passion.
Il a reçu le Collier de l’Hermine en 2013 à Saint-Nicolas-de-Redon.