Les arguments expliquant pourquoi la réunification administrative des 5 départements bretons en une entité nécessaire et suffisante ont été mille fois donnés (voir les récents articles parus dans la presse), qu’il s’agisse d’universitaires, de représentants du monde économique (« Produit en Bretagne »), des multiples associations culturelles et de leurs dizaines de milliers d’adhérents, des assemblées élues (Résolution votée à l’unanimité par le Conseil régional de Bretagne, vœu équivalent du Conseil général de Loire-Atlantique… et remerciements à P. Massiot, président de la région Bretagne, pour ses prises de position bien fondées et lucides).
Inutile de les répéter ici, seuls, ceux qui ne veulent pas les lire ne les connaissent pas.
Et ces arguments sont d’une autre tenue que les pitoyables déclarations de quelques barons politiciens ne visant qu’à conserver leur fief, au mépris de l’opinion de la population révélée par les sondages qui se succèdent depuis des années et montrent une majorité tournant systématiquement autour des deux tiers en faveur de cette réunification, et ce depuis plus de soixante-dix ans !
Sur le plan culturel qui est le nôtre, ce déni de démocratie et cette partition de la Bretagne se traduisent par une politique discriminatoire claire subie par la population de Loire-Atlantique (subventions ridiculement plus faibles pour les activités culturelles bretonnes, Plan de politique linguistique non applicable, suppression du breton à l’Université de Nantes, non diffusion des émissions bretonnes de télé, informations quotidiennes réciproques occultées de part et d’autre de ce « mur de Vichy », etc…).
Aujourd’hui, l’état éprouve le besoin de revoir son organisation territoriale (ce dont nous espérons pouvoir nous réjouir… ) dans le but d’avoir des régions plus fortes et de taille dite européenne. Mais pour qu’une région soit forte, il faut qu’elle soit cohérente, qu’elle ait une identité reconnue et représentative de ses citoyens, que ceux-ci aient une volonté d’avenir commun et de maîtrise de leurs choix de société. La Bretagne réunifiée offre tous ces avantages essentiels tant sur le plan humain, qu’économique ou sociétal (ce qui est loin d’être le cas des projets alternatifs des barons politiciens ou du principe prêté au président de la République de non modification des frontières régionales actuelles).
Depuis des dizaines d’années, les Bretons manifestent (dans le calme) pour cette réunification. Et il n’est ni banal ni insignifiant que des citoyens se mobilisent pour des questions « administratives ». Cette réforme territoriale est espérée à condition qu’elle intègre des éléments essentiels tels que réunification et transfert de compétences et de moyens financiers aux régions à l’instar de ce qui est généralisé en Europe…
Mais attention à ce que la déception ne soit d’autant plus douloureuse que l’espérance a été haute. Un état qui bafouerait la démocratie et les droits reconnus internationalement ne pourrait qu’être responsable des conséquences. La seule violence illégitime est celle faite aux personnes et à leurs Droits.
Nous avons pleinement conscience de l’importance des enjeux tant sociétaux qu’économiques. Mais ces enjeux et les populations concernées méritent mieux que les combines et bricolages politiciens générateurs de désespérance ou d’exaspération. Les récentes élections européennes ne nous montrent que trop où ces pratiques nous conduisent !
La France s’honorerait et rendrait service à tous si au lieu de se contenter d’être le pays de la « Déclaration » des Droits de l’Homme et elle devenait le pays de leur « application » !
Et le meilleur moyen de diminuer sa dette n’est pas de taxer ou d’imposer des recettes d’appareils politiques, mais de libérer les énergies issues d’une volonté d’avenir commun.
Patrick Malrieu
Président de l’institut Culturel de Bretagne