Dans le cadre du bicentenaire de la naissance de La Villemarqué
Le Centre de recherche bretonne et celtique (U.B.O.) organise :
Les 12 et 13 novembre 2015, Mellac (29)
Un colloque international :
« Au-delà du Barzaz-Breiz, Théodore Hersart de La Villemarqué »
Organisé par Nelly Blanchard et Fañch Postic (CRBC-UBO-CNRS)
Le 13 novembre 2015, Mellac (29)
Un concert
Conçu comme une partie du colloque et mettant en valeur les réinterprétations en musique des chants du Barzaz-Breiz, du 19e au 21e siècles
Retrouvez le programme du colloque – Cliquez ici
Théodore Hersart de La Villemarqué
(1815-1895)
Coup de tonnerre et coupe de foudre
1839 : un coup de tonnerre dans le domaine de la littérature bretonne. Théodore Hersart de La Villemarqué, jeune noble de Quimperlé (Finistère) et étudiant de 24 ans à Paris, publie le Barzaz-Breiz. « L’auteur ne croyait tirer qu’un coup de pistolet, ce fut un coup de canon », confia-t-il d’ailleurs à son ami M. de Kerdrel. Ce texte, à la croisée de plusieurs genres – collecte de chants populaires bretons, histoire de la Bretagne romancée, fiction projetant les révoltes de ce jeune noble né dans la béance de ces années postrévolutionnaires sans véritables horizons d’avenir – a grandement marqué l’histoire littéraire : l’auteur est le premier à parler de l’idée-même d’une littérature bretonne, il contribue fortement à la faire entrer dans une nouvelle phase, une phase de singularisation et d’auto-définition, qui se poursuit encore aujourd’hui et qui fait de la Bretagne, du Breton et de la langue bretonne des sujets littéraires, il a joué un rôle capital dans la naissance et le développement en France de l’étude de la littérature orale (autrement nommée aujourd’hui Patrimoine Culturel Immatériel), il a suscité intérêt au-delà des frontières bretonnes et françaises, et a par exemple entretenu une correspondance avec les frères Grimm, grands noms de la collecte populaire allemande.
Coup de foudre aussi que ce Barzaz-Breiz, geste esthétique fort sous le charme duquel maints lecteurs sont tombés, se sont sentis Bretons ou ont perçu ce qu’était la Bretagne, à l’instar de George Sand qui ne cessa d’y voir des diamants. C’est à partir de cette période et, en particulier par ce texte, que la Bretagne est entrée dans le régime de l’imagéité, que l’esthétique a commencé à forger une Bretagne-image, une Bretagne véhiculant des idées qui la dépassent et lui survivent. La Villemarqué compte parmi les tout premiers à s’emparer de la Bretagne pour la placer entre lui et son texte, pour l’employer à mieux projeter ses propres sentiments, affinités, idéologies et révoltes en tous sens. Il est également celui qui est parvenu à extraire la Bretagne-image de l’histoire et à en faire un réservoir de sentiments actualisables à toute époque, d’où la permanence de sa puissance de charme et son succès encore actuel.
Pas étonnant donc que le Barzaz-Breiz ait pris toute la place dans l’étude de la vie et l’œuvre de La Villemarqué : la presse, les chercheurs, tout le débat s’est focalisé sur l’ouvrage et sur la question de l’authenticité de son contenu. Or il n’est qu’un élément dans un ensemble où le Barzaz-Breiz est sans doute hypertrophié : « Habent sua fata libelli (Les livres ont leur destin.) / Singulière fortune de ce recueil de chansons, 1° joies, 2° douleurs …. / honneurs & dénigrements – il n’avait mérité ni cet / excès d’honneur ni cette indignité », écrivit La Villemarqué sur son propre exemplaire du Barzaz-Breiz. Deux cents ans après sa naissance, nous répondons à ce paragraphe testamentaire et décidons de décentrer notre regard, de l’élargir pour mieux considérer l’œuvre de La Villemarqué dans sa totalité.